Admettons-le : on est toutes sous
le charme du mythe de la minceur. Qui d’entre nous (même sans réel surpoids) n’a
jamais pensé perdre des kilos à l’approche de l’été ou après les fêtes ?
Et, devant le miroir, il arrive que l'on ne soit pas satisfaite par
notre ligne, pour - au final - se laisser séduire par les promesses d'un régime
miraculeux...
Depuis quelque temps, les nutritionnistes comme nos
autorités sanitaires, nous mettent régulièrement en garde sur le danger des
régimes amaigrissants. Que l'on souffre d'un surpoids, ou pas.
Découvrons pourquoi les régimes amaigrissants peuvent s’avérer néfastes
pour la santé.
Ce sont des chiffres qui parlent
: en France, environ 2 femmes sur 3, et 1 homme sur 2 souhaiteraient peser
moins. Et parmi les personnes qui affirment vouloir maigrir,
58% des femmes et 27% des hommes ont un poids normal !
Cela conduit
directement à une autre chiffre de sondage : 67% des femmes et 39% des hommes
désirant perdre du poids, ont suivi un régime
au moins une fois dans leur vie.*
« Sept Françaises sur dix avouent
entretenir un rapport difficile à leur corps et à leur poids ; alors que six sur
dix ont un poids considéré comme normal selon les normes actuelles ».**
Régimes : une préoccupation...
Cette course aux régimes
a généré une préoccupation de nos institutions : en 2009, l’Agence française de
sécurité sanitaire des aliments (Afssa, l'actuelle Anses) avait été missionnée
par la Direction Générale de la Santé pour évaluer les risques liés aux
pratiques alimentaires d’ amaigrissement.
Cette étude, visant à mettre en évidence les éventuelles conséquences délétères
des régimes,
a démontré que ces derniers peuvent avoir des conséquences nocives pour la
santé.
Quand les régimes
amaigrissants sont fortement déséquilibrés sur le plan nutritionnel, à long
terme (ou quand ces régimes
se répètent), ils peuvent provoquer des problèmes d’ordre osseux, musculaire,
hépatique ou rénal
: l’ amaigrissement
affecte aussi la masse maigre, touchant les muscles en particulier.
L’organisme a besoin de tous les nutriments !
Ces régimes sont souvent déséquilibrés, car ils se basent sur l’élimination
de certains nutriments,
ce qui peut provoquer des déficits voire des carences importantes.
Quand on enlève les glucides,
par exemple, on peut avoir des conséquences immédiates pouvant aller de la fatigue
physique à des risques cardiaques,
puisque le cœur est un muscle qui doit être alimenté de la même façon que les
autres et a besoin de glucides
pour bien fonctionner.
Dans le cas d’autres nutriments
essentiels comme les vitamines,
les effets des carences sont plus lents à se manifester, mais ils n’en sont pas
moins dangereux.
Perdre du poids à tout prix : pourquoi ?
De plus en plus de
personnes ayant un indice
de masse corporelle ( IMC)
normal, ont recours à des régimes
amaigrissants pour perdre du poids, souvent pour des raisons purement
esthétiques, comme le désir de ressembler à cet idéal de beauté véhiculé par les
médias pendant les cinquante dernières années... et encore
aujourd'hui.
Mais, quelquefois, derrière cette envie de maigrir,
se cache également une profonde insatisfaction personnelle, un manque d’estime
de soi, le désir de remodeler son propre corps selon ses
envies.
Tout type de régime, même le plus équilibré, présente un
risque : le développement d’un rapport anormal à l’ équilibre
alimentaire est déjà en soi un danger. Quand on évoque les risques des régimes,
on se concentre uniquement sur les déséquilibres nutritionnels et non sur la
mise en cause du « rapport à l’aliment ». Les dangers sont exprimés seulement
sous l’angle médical, et non selon les différentes fonctions de l’ alimentation
ou sur l'aspect comportemental.
Ainsi, en allant plus loin, faire des
régimes à répétition peut rendre les personnes plus vulnérables vis-à-vis des
troubles du comportement alimentaire, comme l’ anorexie
ou la boulimie. C’est prendre le risque d’avoir des comportements déviants par
rapport aux aliments et à certaines habitudes alimentaires
|
Le problème aujourd’hui est
que l’on vit dans l’immédiateté et que l’on veut avoir des résultats rapides. On
se met au régime
un mois ou deux avant l’été, pour la plage, ou pour perdre du poids rapidement
après les fêtes, en suivant des régimes
draconiens qui ne donnent des résultats qu’à court terme.
Les personnes qui visent une efficacité très rapide, sont prêtes à un
investissement important, mais pour peu de temps. Si l’on arrête presque de
manger, ou si l’on commence à suivre un régime strict et très déséquilibré, on
ne tiendra pas longtemps. Bien sûr, on perdra du poids, mais on aura tendance à
le récupérer rapidement, dès qu’on recommencera à s’alimenter
normalement.
Plus on maigrit vite, plus vite on récupère !
Le fait de soumettre le corps à de fréquents régimes peut engendrer des
modifications profondes du métabolisme énergétique. Le corps s’habitue à avoir
des apports toujours plus faibles de nutriments,
ce qui fait que, en reprenant une alimentation
normale, non seulement on reprend les kilos perdus... mais l’on grossit. Du
coup, il y a un rebond.
C’est la rançon de l’investissement dans le court terme. L’effet de relâche
sera suivi d’une forte frustration, elle-même accompagnée par la sensation que
les efforts n’ont pas amené les résultats escomptés.
Pour résumer : à partir du moment où on l’on commence un régime avec un
rapport altéré à l’alimentation, et donc à l’équilibre nutritionnel, le taux
d’échec devient nécessairement considérable, de sorte que l’on peut finalement
objectiver l’inefficacité des régimes sur le long cours.
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« S’il y a une véritable épidémie, c’est bien celle des régimes » :
voilà ce qu'affirme Jean-Daniel Lalau, professeur de nutrition au CHU d’Amiens.
Nous lui avons posé quelques questions sur les risques des régimes
amincissants.
Pourquoi est-il possible qu’un régime
amaigrissant soit dangereux pour la santé ?
Pr Jean-Daniel Lalau : Un régime
peut être contrindiqué, non pertinent, voire dangereux. Il ne faut tout de même
pas dire qu’un régime est dangereux a priori. Le plus grand travers du
mot « régime », est qu’il se réfère à une construction anormale. Si l’on a
quitté l’équilibre pondéral et que, en conséquence, on a commencé à avoir des
problèmes de poids, l’idée est de revenir à l’équilibre, et non de faire quelque
chose de « spécial » et « d’anormal » qu’on appellerait « régime ».
Un
régime est avant tout une altération du rapport à l’ équilibre
alimentaire. Le mot « régime » est donc toujours synonyme d’une altération
du rapport à l’ alimentation
Suite de l’interview de Jean-Daniel
Lalau, professeur de nutrition
au CHU d’Amiens, qui nous explique comme faire quand il est difficile de
contrôler ce que l'on mange tous les jours...
Comment faire pour maigrir à son rythme et éviter les reprises de
poids ?
Pr Jean-Daniel Lalau : Des actions peuvent être menées à
différents niveaux. D’un coté, il y a la recherche de « l’équilibre dans
l’assiette » que chaque individu devrait chercher au quotidien pour avoir une alimentation
normalement riche et équilibrée. Même quand il n’y a pas de surpoids, il va
falloir apprendre à baser l’alimentation sur les différents groupes d’aliments,
selon une démarche personnalisée. Le mot-clé, c’est la personnalisation de la
stratégie pour perdre du poids de façon durable et harmonieuse.
D'après vous, une alimentation équilibrée ne dépend pas que de
critères médicaux...
Pr J.-D. L. : L’étude et l'analyse de
la nutrition doit être très large. Dans cet esprit, le travail des
nutritionnistes est essentiel, mais avec la contribution aussi de ceux qui
étudient la nutrition au-delà du domaine médical, tels que les sociologues, les
psychologues, etc. Il faut faire passer au grand public des messages
pédagogiques : les régimes
peuvent être dangereux quand ils sont mal construits, mais aussi quand on altère
le rapport à l’aliment.
Ensuite, il faut passer par une action d’information
individuelle, chaque patient doit être accompagné dans le processus
d’amaigrissement, si cela est nécessaire. Et cette personne doit admettre que
l'on ne peut pas régler un problème de poids en l’espace de quelques
semaines.
Comment garder (ou retrouver) le bon équilibre de notre poids malgré nos
déjeuners rapides au travail ?
Pr J.-D. L. : Ce n’est pas facile de manger de façon équilibrée
quand on n’est souvent pas chez soi. Or, l’aspect convivial des repas pris à
plusieurs, avec les amis ou les collègues, est aussi très important ; c’est une
source d’enrichissement. Le partage est une fonction importante de la nutrition.
Cela dit, il est évidemment plus difficile de suivre une alimentation contrôlée
quand on prend un repas à l’extérieur.
Il est donc difficile de
contrôler ce que l'on mange tous les jours...Pr J.-D. L. :
Toutefois, on peut baser notre équilibre
alimentaire sur une organisation hebdomadaire, c’est-à-dire dans la durée :
si on a des repas plus riches, on peut rétablir l’équilibre soit le lendemain,
soit sur une période de temps plus longue. Il est important de développer une
conscience alimentaire pour compenser d’éventuels écarts dans la durée et garder
ainsi une alimentation riche et équilibrée. On peut même envisager de planifier
ses propres repas.
Quand
on a un réel problème de poids, ou simplement le désir de s’alimenter de façon
saine et équilibrée pour se maintenir en forme, il est donc conseillé de
consulter. Mais à qui s’adresser ?
Les différents professionnels
de la nutrition Une personne qui veut simplement retrouver le poids
forme n’a pas besoin du même suivi qu’une personne obèse ou souffrant d’un
trouble du comportement alimentaire. Qui consulter : le médecin nutritionniste
ou le diététicien ? Il est important de trouver le bon interlocuteur.
Le
médecin traitant pourra bien sûr vous donner des conseils, ou bien vous orienter
vers le professionnel qui saura vous aider dans la démarche de récupération de
l’équilibre pondéral et alimentaire la plus adaptée à votre situation.
Nutritionniste ou diététicien ?
> Le nutritionniste est un médecin diplômé spécialisé dans les problèmes
de nutrition,
des intolérances alimentaires. En tant que médecin, il peut prescrire des
analyses médicales ou des médicaments. Ses prestations sont remboursées par la
Sécurité
sociale.
> Le diététicien n’est pas un médecin, mais un expert de l’ alimentation
qui a comme mission de guider le patient dans sa recherche de l’ équilibre
alimentaire. Quand le diététicien est installé en cabinet libéral, sa
consultation n'est pas remboursée par la Sécurité sociale.
L’un et l’autre peuvent parfaitement prescrire un « menu santé »
personnalisé, qui ne soit pas basé sur le seul compte des calories,
mais plutôt sur les exigences et les caractéristiques du patient.
En cas
de surpoids,
on conseille de s'adresser d'abord à un médecin pour s'assurer qu'il n'existe
pas de trouble métabolique ou hormonal. Ensuite, s'il convient de corriger son
alimentation, un diététicien est tout à fait le professionnel vers qui se
tourner. Si un trouble du comportement alimentaire est détecté, ou si le médecin
estime que l'avis d'un psychiatre ou un spychologue est nécessaire, cette
démarche peut être utile. Non, la personne concernée n'est pas folle... mais
cette aide peut débloquer une situation psychologique complexe vis-à-vis de
l'alimentation.
Mais quid de la réalité ?
Allez, soyons honnêtes ! Nos
autorités sanitaires louent le « sérieux » et le professionnalisme des médecins
et diététiciens. D’accord ! Mais si une personne demande lors d’une consultation
de bénéficier d’un régime
hyperprotéiné durant 15 jours à 3 semaines pour perdre 5 kilos, combien de
professionnels de la santé refuseront cette demande ?
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